CHATILLON



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



CHATILLON



CHATILLON (Castrum Castillionis). - Ce bourg est situé dans la vallée et sur la rive droite du Bez, à 16 kilomètres au-dessus de Die, sur la route de cette dernière ville à Grenoble, par le col de Grimone et Lus-la-Croix-Haute. C'est un chef-lieu de canton et un bureau d'enregistrement. Sa population est de 1,195 individus. Il est bâti sur le penchant d'un coteau qui domine une plaine de peu d'étendue, mais de la culture la plus riche et la plus variée : on dirait un vaste et riant jardin arrosé par le Bez et par trois autres sources qui sortent du vallon. C'est un des sites les plus agréables du département.
Les principales productions du territoire sont le blé, le vin, la soie et surtout le chanvre, qui y forme une branche intéressante d'industrie : on en vend pour des sommes considérables dans les foires du pays et dans celles des départemens limitrophes.
On élève à Châtillon des agneaux qu'on appelle truans, dont la viande est extrêmement délicate : on en envoie dans les villes voisines, quelquefois même à Lyon et à Paris.
Il s'y tient cinq foires par an. Il y a des tuileries et quelques mégisseries.
Châtillon a soutenu plusieurs siéges pendant nos discordes civiles, et notamment en 1575 contre les protestans commandés par Dupuy-Montbrun, et en 1584 par Lesdiguières.
On voit au couchant et à 10 minutes du bourg, au quartier de Guignaise, un ancien couvent de bénédictins qui fut livré aux flammes pendant les troubles religieux du règne de Louis XIII. Si l'on en croit la tradition, tous les moines, trois exceptés, auraient été ensevelis sous les ruines du monastère. Il y a 25 ans qu'un particulier y trouva, enfouies dans la terre et renfermées dans un vase de fer, environ 18 livres d'or, en pièces de monnaie à l'effigie du pape et des anciens rois de France. On aperçoit, par un trou pratiqué au milieu de tous ces débris, un souterrain qui passe dans le pays pour avoir été la cave du monastère, parce que les pierres qu'on y jette font un bruit assez semblable à celui qu'elles produiraient en frappant contre des tonneaux. On a essayé d'y descendre avec des flambeaux, mais la lumière s'est toujours éteinte à l'entrée même du souterrain.
Châtillon est la patrie du médecin Jean-François Nicolas, né le 20 mars 1738, auteur des ouvrages suivans : 1° La Nosologie de Sauvages, traduction du latin en français, 3 gros volumes in-8° ; Paris, 1771 ; 2° Le Cri de la nature en faveur des nouveaux nés, in-12 ; Grenoble, 1775 ; 3° Sur la médecine morale, mémoire ; 4° Manuel du jeune chirurgien, in-8° ; Paris, Costard, 1770 ; 5° Nouveau Dictionnaire universel et raisonné de médecine, chirurgie vétérinaire, 6 vol. in-8°, 1772 ; 6° Histoire des maladies épidémiques qui ont régné dans la province de Dauphiné depuis 1775, in-8° de 110 pages ; Grenoble, 1780 ; 7° Mémoires sur les maladies épidémiques qui ont régné dans la province de Dauphiné depuis 1780, 228 pages ; Grenoble, 1786 ; 8° Instruction familière sur le traitement de la petite vérole et sur l'inoculation, in-8° ; Grenoble, 1788.
Les connaissances très variées de ce savant médecin furent constamment dirigées vers le bien public. Il était grand partisan du magnétisme animal. Pendant la révolution, il fut employé comme médecin à l'armée d'Italie. Il prit ensuite du service comme officier, et se retira à la succursale des invalides d'Avignon, où il est mort, avec le grade de chef de bataillon, le 13 novembre 1819.

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